«Le sentiment au détriment de la raison»
Le même mouvement de soutien avait été observé lors de l’assassinat, en août 2002, de Holly Wells et Jessica Chapman, deux écolières sans histoire de Soham, dans le centre de l’Angleterre, tuées par Ian Huntley, concierge de leur école. Alors, les rubans étaient rouges, la couleur du maillot de Manchester United paré du numéro 7 de David Beckham, leur idole, qu’elles portaient le jour de leur enlèvement. David Beckham, alors meneur des Diables rouges, avait appelé les fillettes, que certains imaginaient en pleine fugue adolescente, à rentrer à leur domicile.
En 2000, une campagne antipédophiles, lancée par le News of the World, avait déclenché une hystérie contre les délinquants sexuels. Le plus gros scandale de pédophilie avait éclaté en 1997 avec l’ouverture d’une commission d’enquête chargée de faire toute la lumière sur les centaines d’abus sexuels perpétrés dans des institutions pour enfants au Pays de Galles. A ce jour, la Grande-Bretagne compte 110?000 agresseurs sexuels dûment recensés dans un registre officiel et surveillés en conséquence.
Comment expliquer cette émotion considérable et cette mobilisation, qui ne sont pas sans rappeler celle ayant suivi la mort de la princesse Diana en 1997? Anthony Hear, professeur de philosophie à l’Université de Bradford, évoque «l’effet de l’appétit vorace du pays pour le sentimental et le déni de la réalité qui affectent aujourd’hui tous les aspects de notre existence».
A l’écouter, les Britanniques privilégient le sentiment, l’image et la spontanéité au détriment de la raison, de la réalité, de la réserve. Un phénomène que cet ancien président du très distingué Royal Institue of Philosophy appelle «l’émotionnellement correct».
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